La moule
zébrée

« Des intruses s’installent dans le lac Témiscouata »

Depuis septembre 2022, la présence de la moule zébrée a été signalée à plusieurs endroits dans le lac Témiscouata. La consternation fut grande!

Les autorités municipales et régionales considèrent la situation comme très préoccupante. Des actions concrètes sont mises en place afin de sensibiliser l’ensemble de la population au risque de contamination et d’apporter des pratiques de protection de nos plans d’eau.

La solution, c’est le lavage de toutes les embarcations nautiques avant d’entrer dans un plan d’eau. Un réseau de stations de lavage est déjà mis en place et sera bonifié de plusieurs nouvelles stations prochainement. Des procédures et des réglementations sont mises en place par la MRC de Témiscouata et les municipalités.

« Vous aimez le Témiscouata, ne laissez pas ces intruses nous envahir »

Mais qui sont ces intruses? Une petite moule d’eau douce provenant de l’Eurasie. Une petite ingénieure des eaux douces! Elle se multiplie à un rythme effarant. Elle change les écosystèmes. Elle gagne constamment du terrain. Elle est envahissante.

La mauvaise nouvelle! Pratiquement impossible de la déloger. Nous devons donc empêcher la propagation à tous nos plans d’eaux au Témiscouata.

 

Une espèce exotique envahissante: la moule zébrée 

Son origine

Son habitat naturel se retrouve dans les mers Caspienne, Noire et Azov en Eurasie. Elle s’est dispersée dans la majorité des eaux douces d’Europe à partir du 19e siècle. Depuis, elle a atteint l’Amérique du Nord.

Sa description

• Petit mollusque bivalve d’eau douce
• Taille de 0,5 à 3 cm de l’âge juvénile à adulte.
• Coquille de forme triangulaire de couleur brun pâle à brun foncé et recouverte généralement de rayures rappelant celle d’un zèbre.
• Possède un filament nommé « byssus » lui permettant de se fixer sur du substrat dur. Elle provoque des couches successives d’individus en s’agglutinant les unes aux autres.
• Sa capacité de filtration est de 1 litre d’eau par jour.
• Se nourrissent des planctons en suspension dans l’eau.
• Taux de reproduction très élevé, de 40 000 à 1 000 000 de larves (véligères) par moule pour une saison.
• Larves véligères microscopiques vivant de 18 à 30 jours, se déplaçant au gré du courant et s’implantant tout particulièrement dans des profondeurs de moins de 15 mètres avant de se développer en moule.
• Atteins des densités de 40 000 moules zébrées au mètre carré au Québec et atteins présentement 700 000 moules au mètre carré dans les Grands Lacs.
• Se reproduisent lorsque la température de l’eau atteint 10 degrés Celsius.
• Forte capacité d’adaptation lui permettant de survivre à des températures et des conditions variables.
• Exposée aux cyanotoxines des algues bleues, la moule zébrée y est quasiment insensible (selon une étude de l’Université du Danemark du Sud).
• Sa durée de vie est de 3 à 4 ans au Québec.

Son cycle de vie

Sa dispersion

À la fin des années 1980, elle a été transportée par des bateaux transocéaniques qui ont vidangé leurs ballasts infectés dans les Grands Lacs.

1988 Ontario et États-Unis à partir du lac Sainte-Claire, les Grands Lacs et le bassin hydrographique du fleuve Mississippi.

1990 Québec à partir du fleuve Saint-Laurent (jusqu’à la démarcation des eaux douces et salées en aval de l’Ile d’Orléans) et la rivière Richelieu.

1993 Lac Champlain

2013 Manitoba à partir du lac Winnipeg, rivière Rouge et fleuve Nelson

2017 Lac Memphrémagog et par la suite la rivière Magog, le lac Magog et la rivière St-François (Estrie).

2021 Lac Massawippi

2022 Lac Témiscouata

Sa dispersion a atteint un sommet inégalé. Elle couvre l’ensemble de l’est des États-Unis et se rend même du côté ouest en Californie, Texas et plusieurs autres états.

Ses vecteurs de propagation

Le déplacement des larves véligères se fait de façon naturelle au gré du courant et par les animaux aquatiques. Elles sont microscopiques et s’accrochent un peu partout sur les plantes, les surfaces naturelles des plans d’eau et toutes les constructions humaines telles que les quais et les prises d’eau ainsi que sur les embarcations nautiques.

L’humain est le vecteur le plus important. Le déplacement des embarcations nautiques d’un plan d’eau à l’autre, sans avoir au préalable appliqué toutes les procédures de lavage, risque de propager la moule zébrée.

Tous les plaisanciers, les pêcheurs et les riverains sont concernés. Nous devons être responsables et nous assurer du lavage de tous les éléments ayant un contact avec le plan d’eau que ce soient les cannes à pêche, bottes, bouées, etc. Les mêmes mesures s’appliquent à toutes les activités sportives et nautiques telles que la plongée sous-marine, les kayaks, les planches à voile, les hydravions, etc.

Ses impacts sur le milieu

Impacts écologiques

Ayant des capacités de filtration très élevées, elle réduit la quantité de phytoplancton et de zooplancton disponible pour l’alimentation de la faune aquatique. L’eau étant plus claire en raison de la filtration, la lumière du soleil pénètre plus profondément et provoque le réchauffement ayant comme incidence la prolifération des algues et de végétaux aquatiques.

Les épisodes de floraisons d’algues toxiques augmentent la présence de bactéries pathogènes et provoquent le botulisme aviaire. L’impact est important sur les espèces aquatiques et la faune.

Le myriophylle en épi, déjà bien implanté, aura les conditions propices à sa propagation.

En colonisant l’enrochement naturel des frayères, elle aura un impact négatif sur la survie des œufs d’autres espèces aquatiques.

Elle entraîne une diminution de la concentration de plancton dans l’eau et nuit à l’équilibre de la chaîne alimentaire de plusieurs espèces aquatiques.

En adhérant aux différentes surfaces dures, elles s’agrippent sur nos moules indigènes et les empêchent de respirer et de s’alimenter. À long terme, la moule zébrée fait disparaître ces espèces.

Impacts économiques

En s’agrippant aux prises d’eau municipales, industrielles et privées et aux centrales électriques, la moule zébrée empêche la libre circulation de l’eau en obstruant ainsi les canalisations et les différents types de systèmes hydrauliques.

Les coûts liés au contrôle de la moule zébrée peuvent être faramineux. Elles peuvent endommager la coque des bateaux et créer des dommages aux pièces interne et externe des moteurs.

Elles peuvent endommager de façon considérable les équipements nautiques et les installations riveraines.

La valeur des résidences riveraines peut être affectée selon le niveau de propagation de la moule zébrée et de ces impacts.

Impacts sociaux

Les coquilles s’accumulent sur les plages publiques et privées et se décomposent en provoquant une odeur désagréable.

Les baigneurs se blessent les pieds sur les coquillages au fond de l’eau et sur la plage.

Les activités de pêche peuvent être influencées à long terme par le déclin des populations de poissons.

L’appauvrissement des écosystèmes aura éventuellement un impact sur la qualité de vie de tous les citoyens.

À long terme, elle peut provoquer une baisse de l’intérêt envers nos attraits récréotouristiques.

Il est primordial d’inspecter et de décontaminer toutes embarcations nautiques à l’entrée et à la sortie d’un plan d’eau. Par conséquent, il faut éviter la propagation d’autres espèces exotiques envahissantes telles que la moule guagga et le cladocère épineux.

La technique du lavage à pression et à l’eau chaude est à privilégier afin de contrôler la propagation de la moule zébrée.

Son éradication est pratiquement impossible et des interventions de contrôle périodique seront nécessaires à perpétuité pour en minimiser les impacts.

« Soyons des citoyens responsables et assurons-nous de préserver la qualité de nos plans d’eau »

Pour garder un habitat riche et maximiser la vie dans nos lacs et rivières.
Pour continuer à pêcher une belle variété de poissons.
Pour conserver nos prises d’eau et nos quais en bon état.
Pour profiter des plages sans odeur désagréable et se baigner sans se blesser.

Ensemble, freinons la propagation de la moule zébrée.

 

Les stations de lavage

Le lavage des embarcations doit être réalisé par l’utilisateur en effectuant les étapes suivantes :

1. Inspection visuelle : consiste à faire le tour des équipements reliés à l’embarcation soit : la coque du bateau, sa remorque, le moteur ainsi que tout autre équipement et accessoire qui entrera directement ou indirectement en contact avec l’eau. Lors de l’inspection, on recherchera la présence d’organisme animal ou végétal pouvant être accroché aux équipements ou à l’embarcation ;
2. Nettoyage manuel des équipements : consiste à retirer manuellement les organismes indésirables identifiés à la première étape puis d’en disposer dans la poubelle à déchets destinés à l’enfouissement (et non le compost ou le recyclage) ;
3. Nettoyage de l’hélice : consiste à nettoyer et retirer les plantes ou autres organismes indésirables enroulés autour de l’hélice.
4. Vidange des réservoirs : consiste à vider tout type de contenant d’eau (ballasts, réservoirs d’eau, viviers, contenant à appâts, etc.) dans un site éloigné d’un lac ou d’un cours d’eau où l’eau résiduelle pourra s’infiltrer dans le sol;
5. Lavage à haute pression : consiste à laver l’embarcation et ses équipements et accessoires à l’aide d’un jeu d’eau chaude (60 degrés Celsius) à haute pression (2 600 PSI minimum) dans le but de déloger les organismes les plus résistants. L’eau résiduelle doit être dirigée au même endroit que les eaux de vidange des réservoirs.

Pour savoir où se trouve la station de lavage la plus près de chez toi, consulte le site moulezebree.info

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